WINTER-CAB  2009


les participants

      Veurey… 10 heures…Les  22  équipages de cette 8ème édition (si si, c’est bien  la 8ème, on en est certain cette fois, Bernard le «géniteur» du Winter cab nous a refait l’historique de son organisation !) du rallye organisé par le club des Véhicules Anciens de Grenoble sont arrivés dans le « paddock » de « l’auberge des Templiers » où aura lieu 30 minutes plus tard le départ de la folle randonnée cartographique, que la nouvelle équipe d’organisation a imaginée cette année…

   

Belles voitures, météo « cavok » comme on dit en aviation… le moral des troupes aussi… Tous les ingrédients sont donc réunis pour que nous passions une super journée au volant de nos autos, avec en sus, l’intérêt de se triturer un peu les méninges pour arriver à bon port et si possible, en pas trop mauvaise position….

Bernard, coach de l’organisation et ouvreur nous fait un briefing précis non dénué d’humour… et minute après minute c’est parti… direction la route des noyers…. par une petite incursion en montagne car au Winter cab, la meilleure manière de relier un point (le départ) à un autre (l’arrivée), n’a qu’une lointaine apparenté avec la ligne droite ! Il vaut mieux en prendre conscience tout de go… la suite va le prouver…

Prologue : Une première étape d’échauffement !

        

La première étape sera le condensé de ce qui va attendre les concurrents pendant toute cette longue journée… On grimpe allègrement de multiples lacets histoire de se mettre rapidement dans la course, un premier « col » franchi non loin de Montaud puis descente sur la vallée de l’Isère, avec l’apparition des premières difficultés dans le dédale des chemins vicinaux des pentes du Bec de l’Echaillon.

Les changements rapides de direction s’enchaînent. Cette étape courte d’une trentaine de kilomètres, va d’emblée marquer la différence entre les participants : Il y a ceux qui « savent », les habitués, les entraînés et ceux qui découvrent ce « sport » qu’est la cartographie doublée de régularité.  Ceux-là hésitent à chaque intersection, cherchent, doutent …. et prennent… le mauvais chemin ! On croise les premiers «jardiniers» (jardiner=chercher son chemin!)), pensant sans doute que départ et arrivée se confondent ! Les pôvres… et ce n’est que la 1ère étape !

Les gagnant sont eux, familiers de ce type d’épreuve. Dan Montaillard/Louis Mattei sur Porsche 911 et Philou Carrichon/Patrick Apffel et leur Cox cabriolet…. modifiée XJS, passent « à zéro » devant les commissaires … en ayant trouvé tous les panneaux. Bon début !

A l’étape, on mécanique déjà ! Aldric couché sous son auto gratouille dans ses « dessous ». La belle Stag donnerait elle déjà des signes de fatigue ? Que nenni ! Mademoiselle Triumph, telle la délicate princesse «au petit pois» ne supporte pas le minuscule gravillon niché dans son escarpin. (autrement dit entre le disque de frein et la flasque). En moins de temps qu’il faut pour l’écrire, Miss Stag est de nouveau apte à reprendre la route.

         

Une autre belle a ses vapeurs et perd les eaux, aiguille du thermomètre au taquet, dans le coin droit du cadran. Les commentaires vont bon train autour de la TR3 de Patrick Dechamp sur ces foutues anglaises qui chauffent tout le temps ! Heureusement, Maître Denis, grand spécialiste « es » roadsters Britons, détecte la cause du premier coup d’œil… C’est juré, on ne le reprendra plus Patrick, à fixer sa plaque de rallye devant le radiateur !    

2ème  étapeGalerne – Galerne

Une seconde épreuve nous conduit dans le Nord de la plaine des Chambarans, dont les courbes adoucies épousent les méandres de l’Isère, dans l’inextricable écheveau des vicinaux les plus dissimulés. Les hameaux traversés sommeillent et à part quelques cyclotouristes courageux, la route est à nous… On the road again… Gaffe à droite, on l’a loupé… cette foutue intersection aux allures de chemin de ferme.. La MG, docile, accepte bien tous nos atermoiements et multiples hésitations… C’est un plaisir que d’enchaîner les virolos aux commandes cette petite auto, à tout jamais destinée à donner du plaisir… les aiguilles des manos de tempé et de pression sont « dans le vert », le moral au beau fixe et le soleil aussi. Le pur bonheur quoi ! 

Tiens, au détour d’un petit bois, un lieu-dit qui se nomme «chez Le Colonel». Notre président aurait’il des attaches en ce lieu ?

Le Winter Cab, n’a pas encore l’aura du Rallye des Princesses mais il peut toutefois s’enorgueillir d’avoir cette année 3 équipages exclusivement féminins au départ. C’est un record dans ce rallye ! Régine et Delphine sont des coutumières de l’épreuve au volant de leur mini Mini mais c’était sans compter sur le tout nouveau « team Auto Nostalgie » qui « jeta dans l’arène » une petite Healey Frogeye animée par Odette Menetrey et Murielle Boudrand et une MGB, à bord de laquelle Cécile Lachaize et Laurence Lathoud venaient, pour la première fois, « tâter » de la carto et de la régularité.

                                    

  Ces dernières, palliant avec brio leur inexpérience par un sens aiguisé de la stratégie, utilisèrent tous les moyens pour arriver à bon port, même celui consistant à demander leur chemin à un non voyant, qui, avec l’aide de sa canne blanche tournoyant dans l’azur, les dirigea……. dans la bonne direction  ! 

Dans cette étape un peu plus sélective, l’écart commence à se creuser entre les concurrents. Les plus aguerris au sport ingrat qu’est la « carto » tirent leur épingle du jeu. Véronique et Raphaël Cavalli, aidé de leur crayon magique, l’emportent haut la main, mais ne sont pas seuls à gravir sur le podium puisque la valse des ex aequo commence et l’équipage de la Stag se montre tout aussi performant. Cabanne père et fils et leur Porsche 914 ainsi que les compères Domenget et Oddos avec leur Spit 1500 FH, font preuve d’une belle précision, puisqu’ils terminent aussi sur le podium, devenu bien petit pour accueillir tout ce monde…

Au terme de cette épreuve, « les » Cavalli sont toutefois seuls en tête du classement général… un avenir proche nous dira s’ils pourront s’y maintenir.

3ème étape : Une grosse frayeur !

  L’engourdissement post-prandial lié au déjeuner ne devait pas être de mise pour cette troisième étape, bien que les organisateurs aient prévu une étape de liaison digestive d’une quinzaine de kilomètres sous forme de «fléché-métré»  avant d’aborder les multiples pièges du Vercors… Le départ de l’étape est en vue : Les Ecouges, nous voilà ! La grimpette de St Gervais à travers la forêt domaniale des Coulmes permet aux autos de libérer leur puissance contenue.

  Voilà déjà le tunnel précédant le Canyon des Ecouges ; une trouée étroite creusée à flanc de falaise, ruisselant de l’eau s’échappant de ses multiples fissures, où le croisement d’autres véhicules est souvent problématique… La MG N°16 s’engouffre allègrement dans le boyau, tous phares allumés… L’endroit est sinistre… Au loin, de face, le halo des phares d’un véhicule apparaît. Un appui ferme du pied sur l’alternat commandant la mise en code…. et soudain : le noir intégral ! Le cœur du pilote prend des tours en même temps que l’autre pied écrase le frein… La voiture est arrêtée, moteur et tous feux éteints. Instant de panique, les phares aperçus au loin se rapprochent (lentement heureusement). 5 secondes dans le néant qui paraissent des heures, il est grand temps de reprendre ses esprits… Remise en route. Miracle ! Tout fonctionne, les phares itou ? Dans une ambiance de bombardier au décollage, le son grave du pot Falcon renvoyé par les parois fait un peu tomber l’adrénaline… Mauvais moment qu’il vaut mieux vite oublier !  

         

Enfin la neige au col de Romeyère (1069 m) ! Mais à notre grand regret, seulement sur les bas côtés. Nous ne la trouverons jamais sur la chaussée. Rencurel, les gorges de la Bourne, le col de Toutes Aures, Choranche, les virages s’enchaînent et même si la route est ouverte, tracer des trajectoires lorsque la visibilité le permet, est un réel plaisir…

 Cette 3ème étape est une longue «spéciale » de 70 km, éprouvante pour les équipages. Elle sera déterminante pour le classement. Au contrôle secret peu avant le but, les commissaires attendent les concurrents, nous sommes presque arrivés. A St Romans, dans la vallée, Eric, «l’informaticien», patron des commissaires, entre les pénalités dans sa moulinette, sourire goguenard aux lèvres…  et quelques minutes plus tard annonce les résultats.

La doublette Dan Montaillard et Louis Mattei, pour la seconde fois est en tête mais se partage les lauriers avec Véronique et Raphaël Cavalli qui gardent la tête au classement général. Pour sûr, il va falloir se méfier d’eux !

4ème étape : Le grand chambardement

 Pour cette étape, exclusivement tracée au cœur même des Chambarans, nous étions bien avertis : « Soyez vigilants, derrière chaque noyer se cache une route qu’il vous faudra peut-être emprunter ! » C’était clair, nous allions nous perdre et même le petit Poucet et sa technique infaillible des petits cailloux blancs ne pourrait pas nous assister… Pour sûr, les navigateurs ne furent pas à la fête, à l’inverse des pilotes pour qui la conduite dans ce décor superbe de petits hameaux nichés entre les  noyers à perte de vue, fut un régal.

Les habitants de ces villages de poupées, peu habitués à voir passer ces autos d’un autre âge, nous encourageaient de la main. Sans doute nous leur avons apporté, par notre seul passage, un peu de plaisir et ce fut un bonheur que de partager avec eux celui que nous éprouvions à ce moment.

Ce qui était prévu arriva, le classement de l’étape est quelque peu bouleversé… Les vainqueurs potentiels et leur 504, habitués de la première place sont relégués en bas du tableau, perdant de précieuses minutes dans leur navigation. Odette Menetrey et Murielle Boudrand, à bord de leur Frog font un (presque) sans faute et crée la surprise en remportant cette étape, ex-aequo avec Philippe Chetail et Fabien Bec, passant également « à zéro » le contrôle secret en oubliant, comme les dames, un seul petit panneau…  Guettant les erreurs des postulants aux premières places, l’équipage de la Stag, d’une régularité exemplaire tout au long de ces 4 épreuves, accumule les secondes ou troisièmes places. Cette stratégie sera très certainement payante « in fine ! ».

           

5ème étape : Les cols de Parmélie et de Châtain, la nuit.

 Stop and go à l’Hôtel « Le bon gîte » de Galerne qui a abrité et restauré les équipages de ce 8ème Winter Cab. Le soleil disparaît peu à peu derrière les contreforts de la Chartreuse toute proche et la nuit s’installe doucement. Les concurrents s’élancent dans l’ordre des arrivées pour cette courte étape de 30 Km en fléché métré. Quelques équipages enragent tout de go, immobilisés, dès le premier kilomètre à un feu rouge qui n’en finit pas. Les précieuses minutes de retard s’accumulent. 

Rapidement sélective, l’épreuve prévoit le passage de 2 cols. Encore faut-il trouver, dans le dédale des rues de Tullins le bon cheminement pour prendre de la hauteur. Et dans la Jag présidentielle, déjà victime du feu récalcitrant, le premier jardinage commence en « ville », obligeant le pilote à remonter le temps en sacrifiant peut être un peu la navigation… Au finish, un retard de 7 mn sur cette épreuve et quelques panneaux oubliés vont reléguer P. Carrichon et P. Apffel à la 18ème place de l’épreuve.

Les yeux de la petite Frog souffrant d’une myopie congénitale, il n’est pas facile pour Odette Menetrey et Muriel Boudrand de se repérer dans ce tracé sinueux, obligeant leurs maris à les attendre un peu, sacrifiant ainsi leur chance de terminer dans le classement de tête

     

Une fois encore, alors que le col de Parmelie venait d’être franchi, une nouvelle extinction des phares de la MG N° 16 se produisit, faisant monter l’anxiété des équipiers qui décidèrent de rester définitivement « plein phares » jusqu’à l’arrivée.

Cette étape fit le bonheur de Michel Kothé et Marcel Hepp à bord de la Marcos GT 31 qui terminent seuls « dans la minute », prenant la seconde place de l’épreuve, pour un oubli de panneaux, laissant la 1ère place aux Stag’istes Herbert/Cugat décidemment très « affûtés » pour ce type d’amusement. 

Véronique et Raphaël Cavalli ont trouvé tous les panneaux numérotés disposés tout au long du parcours et finissent 3ème,  nous sommes à peine surpris… Quant au respect de la moyenne imposée… De quoi parlez-vous ? De moyenne ? Mais il n’en a jamais été question, voyons ! 

 And the winners are :

 Au finish, Aldric Herbert et Ulysse Cugat remportent ce 8ème Winter Cab. Aldric est habitué des premières places… c’est cependant la première fois qu’il remporte cette épreuve au volant. Quant à Ulysse, c’est son second podium… mais cette fois comme navigateur.

La seconde place, très disputée cette année, se partage entre 3 équipages que rien ne peut départager… (Chetail/Bec – Cavalli/Cavalli – Cabanne/Cabanne)

 Cette édition 2009 du rallye des VAG fut sans doute l’une des plus aboutie, où les difficiles « spéciales » de plaine conjuguées à l’escapade au cœur même de la  forteresse naturelle du Vercors mirent en difficulté plus d’un concurrent. Une belle journée où l’organisation sans faille est à mettre au crédit d’une équipe qui n’a pas ménagé ses efforts pour que chacun, quelque soit son expérience de ce type d’épreuve, y prenne un maximum de plaisir…

Un an pour attendre le prochain, Messieurs les organisateurs, n’est ce pas un peu long ?

Philippe Chetail

      

 

les vainqueurs sur Triumph stag